Servane Havette
Peintures et illustrations
Dessins du procès Agnès Marin
Parus dans le journal La Montagne du 29 septembre au 10 octobre 2014
L'affaire Agnès Marin.
Cour d' Assises de Riom
Du 29 septembre au 10 octobre 2014
19 novembre 2011 : Suite à la disparition inquiétante d' Agnès Marin, un corps calciné est retrouvé à quelques centaines de mètres du collège Cévenol . La vérité tombera quelques jours plus tard : Il s'agit d' Agnès Marin. Matthieu, un camarade de classe, avouera rapidement les faits : Torture, viol, et assassinat avec préméditation. Jugé en première instance et condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, ses avocates feront appel car c'est la première fois qu'un mineur reçoit une telle peine.
Juin 2014 : Je suis convoquée par Sandrine Thomas, responsable des « Editions Puy de Dôme » du journal la Montagne, qui me fait une proposition : Réaliser en live les dessins du procès, accompagnée de deux journalistes de la rédaction : Nicolas Faucon et Jean- Baptiste Ledys. Je lui réponds un grand « oui » sans hésitation. Elle me raconte l'horreur des faits et me prépare psychologiquement à assister à ces assises. Une première pour moi et en tant que carnettiste et illustratrice c'est une expérience à vivre.
Les doutes, les hésitations et le choix que j ai fait vont « accaparer » mes pensées pendant tout l' été. Aurai- je les épaules assez larges ? Et si je plante mes dessins sous l 'effet du stress ? Les doutes s'installent. Sur l'horreur des faits… Suis je prête à les entendre ? Puis « Vais -je avoir en de telles circonstances le « coup de crayon ? »
29 septembre 2014 : Nous sommes de nombreux médias aux abords du palais de justice. En dessinateur de presse, nous sommes 2 : Un type de TF1 et moi. Après une fouille à l'entrée de la salle des pas perdus, nous sommes invités à rentrer dans la salle d'audience. Mes jambes tremblent...mes mains aussi...c'est pas bon !
La presse s'installe dans le public. Nicolas Faucon, le dessinateur de TF1 et moi sommes invités dans l'hémicycle, à quelques mètres du meurtrier présumé qui entre dans la salle après l'appel des jurés. Francis Szpiner, avocat brillant est juste devant moi. L'ambiance est terriblement tendue. Frédéric Marin et sa femme Paola sont au premier rang de la salle d'audience, à quelques mètres sur notre droite… Matthieu entre. Derrière sa vitre blindée, c'est la stupéfaction en voyant ce corps frêle et chétif, ce blondinet vêtu d'un pull camionneur balaie du regard la salle sans aucune émotion. Ses parents lui sourient. Il détourne leur regard sans aucune expression.
Les dessins commencent, se suivent et s' enchaînent. Nicolas me donne un coup de coude. Je ne comprends pas sur l'instant « C'est fini. On doit sortir ». Après de longues heures d'attente nous sommes invités à rejoindre la salle d'audience : Le huis clos total est prononcé.
Les dessins continueront donc pendant les dix jours qui vont suivre mais en dehors de la salle d'audience.
10 octobre 2014 :
Au terme de deux semaines de procès, Matthieu M. a écopé à nouveau de la perpétuité. Avec une mesure de suivi socio-judiciaire sans limitation de durée. Le verdict est conforme aux réquisitions des avocats généraux et finalement plus sévère qu'en première instance. L'excuse de minorité a une fois de plus été écartée en raison de "l'extrême gravité des faits".